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JOURNAL
DE
MÉDECir^E ET DE CHIRURGIE
PRATIQUES,
A L'USAGE DES MÉDECINS PRATICIENS.
TOME QUATRIEME.
IMPRIMERIE DE PLASSAN ET COMPAGNIE.
RVE DE VATiGia^RD , K" i 5.
1833
JOURNAL
DE
MEDECINE ET DE CflIEURGIE PRATIQUES,
A L'USAGE DES MÉDECINS PRATICIENS.
INTRODUCTION.
Depuis trois années, nous avons porlé à la connai^nn^o des praticiens le résultat de toutes les tentatives m^f iaites pour le perfectionnen.ot de la\l~ ;e" ^^ ^
ont ete couronnées de quelques succès. Les journaux e/r vrages de médecine français et étrangers , les SocTé é^ 1 tes et surtout les cliniques des hôpiraux où de. n 'l '"' éclairés expérimentent tous les méLameCc^> u^l'action'n: leur semble pas encore bien déterminée, ont fou ni a m^,"' de tjo.s volumes, dans lesquels les prcg.ès de K. - ie^Te 'oTt fidèlement consignés. Aucune observation impo t nie pol 1 eut de guenr n'a ete publiée, aucun résuUat heur.nv .'^^ ? obtenu dans ces trois année qu'on n'en ait nu l ' T compte avec tous les détails n^écessaic^" pou ,e clT " lecteur puisse en (.ire l'application dan^ r;:^^^:;;;:?;;!
mentsentis.Nosconfrèressaventquece?e:uet^;mÇ:emert destme aux praticiens; que si parfois quelques précep e "f
nerauxy sont exposés, c'est que la médecine sTn?/^^" n'est que l'empin^sme, et que nous n'avons i"' S" ^T faire de ce Journal un recueil de r-cettes! de f. Ts enLf "^" ordre et sans méthode; ^^ûs c,ae ch.^: 'n^^l^ï^'^^^ observation utile, soie pour le diagnostic, soi n"u 7a m"'
rape.U.quedequelquema!adie,quecetteolser' iC oft r portée br.eveme.t, et cependant avec les déLi i„ Vi^: ; î' blés enfin que par de courtes réflexions, les fait "oit?.'' prec.es selon leur valeur , l'objet que no^,; nous om„ e" pT
(4 ) ,. . .,
,: ,, nous ;u.n.ns lail un ouvrai;.' <^'"»':; «^
-rellc a ac »- -^;^ ^^^ ^Xcuu jusqu'à -c jour nous a lion .le ce Journal, et » - ^ ^ ' '^...^^...s „ous souni>cs
délcmiiuc à ne pon.t M>il.r o. la r j , . ,^,„ lecteurs
en cou<ac.aut H-^' J'^: ^^:.:^.tliou rclLivc à l'excrcic;c de
Ics lois ctordonnauccs eu >>^^e ^^^^^ imposent des
^,„,,,.x qui nous -'^^«^:; ^"^^;^;;r uolre connaissance. Ce devoirs qu'aucun ^^'}YlLTrvMo devoir Nivement iule-
.rnvaii. .;ui -^^«•;f^^^;^^,;ac^t chaque jour, par c^ ,,sserlesprauciens,qu. e.leman ^^^ ^^ _^^ ^^^^^.^^^ ^^.^^
^le, .'ils r-'-"V ;^l m ^1^ Wclires et des eu., oi.ou-
Uiloi de laire part a l ,^ '^"' ', ''„^.,ii„„ si l'ofliocr de saute céments qui s'..llreut a eu. 0-^ .^. ^^^^^^ ^,,
j,eutexe.rerh,nsdud aa m ^^^^^.^^^ . ^^^ l,,,
vendre des r^'^-'^^'*'^",^''-'„,V^^«„l é nn'on ne trouve cclair- „ous son.mes Jo"-eUement^on^u e q ^^^ ^^ ^^^ ^^^^^^^^^^^^
,ies dans aucun ouvrage ^^^^^,^ g, ,,,Uons positives, les mèdecuis pourront al ^y^"'' ^^.^^. ,,,oat consacrée.^
l^es deux dernières V-^'^^^^,',,ou, exposées de ma-
à l'étude des lois. indiaués par des numéros,
Le. a''-l-,«»"';rïï:' „1,^d:ûaùl- À plusicu,. sujets dans un même article, ce qui i»
dans les renvois. ^ d'étendue les ob-
E„6n, „ou. do-cron, ave un pe u r^^ ^^ ^^^^,_^^ ^,„,.^,
''""n't'êot «ee la p.Xlic.aion c!e fo.muies, dont plas,e,n-,
serontconi-acieesa [c 1 „,.an,U ■^ivanta''es.
praticiens ass^ent t.ver de ,K,nd^^- - ^^^^^ ^^^„^ ..^^ de Encoura-e par \ ac.ue 1 1 . ^ - ^^^ pro
nos conlrires, nous ^'^."^ ^^^^'^(^Jnl^ve .donn.
messes. La seconde année "^e terni. . \ l.éil.oscope dans les
,n,.esume c-mpiet de ^'^PP f J^^;l; V,, pplémcLùre a été
maladies de poitrine; 1!"^ '^ ' j,^^ '^mo bus dans l'anuée consacrée à 1^» d«f.r'P^'^",,.i^'dancede^ matières l'exigera, ,S5.. Toutes les ^^'-s que Ubond ^- ^^^.^^^ ^^^^^ ^^.
nous ajouterons au ««'^i^J'^^^'^.Xir nos lecteurs parlaite- Mous «en^b'.eront nécessaire» pour tenu nient au courant de lascieqce.
( ^ )
Jnfunticiile commis sur des juDicaua; ; rapports dtimiidtcin.
Les A nnalesd' Hygiène eldt'. Médecine légale c'Dtilii'iinciif deux rapports fort remarquables de M.Bellot, doctini!- en i))i;dcciiie an Havre.
Une femme accoucha de deux enfants. Sur l;i irtc du pre- mier né, entièrement sorti et respirant, elle frappa avec son sabot qu'elle tenait d'une main , tandis que de l'antre, placée sur la partie antérieure du col, elle fixait le corps sur le sol. Un instant après ce prcn)ier crime, elle s'aperçut qu'elle al- lait donner naissance à im second enfant. Au moment où la tête franchissait les parties extérieures, elle la frappa avec lo même sabot qui lui avait déjà servi pour tuer le premier en- jant. Ces détails résultent des aveux de la coupable, qui p» rit sur l'échafaud. Voici maintenant comment M. le docteur Bel- lot, ignorant les faits que nous venons d'énoncer, parvint à découvrir la vérité.
Le 5o janvier i 838 , il fut présenté à ce médecin le cadavre d'un enfant nouveau - né retiré la veille du fond d'une mar- nière , et présumé avoir été tué immédiatement après sa nai-;- sance.
Le corps de l'enfant, long de seize ponces, tenait encore au placenta par le cordon ombilical ; la poitrine était sensi- blement bombée, le tour du col noirâtre et meurtri. A l'ou- verture du cadavre, on trouva les vaisseaux ombilicaux vides de sang, la vessie sans urine, le méconium parvenu ;\ l'en- trée extérieure de l'anus, l'estomac contenant un gros caillot de sang noir; les poumons, rosés, remplissaient la cavité de la poitrine et recouvraient la péricarde; détachés, ils crépitaient sous le tranchant du scalpel et flottaient sur un seau d'eau froide, conjointement avec le cœur, seuls, entiers et même par fragments; long-temps exprimésenlre les doigts, ces organes restaient encore à la surface de l'eau.
Le col présentait une ecchj'mose demi-circulaire: les lèvres étaient livides, épaisses, ainsi que la langue.
La tête, toute déconformée, présentait un décoliemeiit complet de la peau chevelue ; le coronal offrait plusieurs frac- tures , ainsi que le pariétal et le temporal dioits ; le pariétal gauche présentait dans son milieu une fracture eu étoile ; la portion gauche de l'occipital était également fracturée. Tou- tes ces fractures étaient avec décollement de la membrane qui recouvre les os, et avec ecchymose de la peau chevelue cor- respondant aux points fracturés ; le cerveau se trouvait ré-
(6) (luit en bouillie ; un épanchement considérable de sang noir était situé à la Jjase du crâne.
I\l. le docteur Bellot conclut de l'inspection du cjdavre que reniant était venu à Icrnic et viable; qu'il avait respiré, niêuic assez loujj-leinps; que la mort était le résultai des violences CAcroées sur la tête de l'enlaut à l'aide d'un rorps contondant et de la compression liiile sur la partie anléiieure du col. Il pensa que les coups avaient été dirigés sur lecriuie d'avant en arriére pendant (|u'une main criminelle, appuyant sui- la j)artie antérieun* du col qu'elle serrait, maintenait le derrière de la tête fixé sur le sol.
Le 6 février suivant, le même médecin dut procéder à l'examen anatoniique du cadavie d'un autre onlaut nouveau- né également relire d'une marniére.
L'euCant, quoique peu volumineux , semblait à terme; il était déjà dans un étal de putréfaction assez avancé; la vessie- ne contenait point d'urine, les vaisseaux ombilicaux étaient vides de sang-, le méconium sortait en partie par l'anus; les poumons étaient peu développas, rosés seulement à leur sur- face , noirâtres et compactes à l'intérieur, ne flottant ni avec le cœur, ni séparés de cet organe, ni coupés par fragments; les os de la tète étaient brisés, comme chez le piemier enfant; un épanchement considéiable de sang existait à la bise du crâne , et plusieurs ecchymoses se remarquaient à la partie antérieure du col.
M. le docteur Bellot conclut de ces diverses recherches, que l'enfant était né à term.e et viable ; que la respiration , il est vrai, ne s'était pas établie , mais que l'étendue des etchy- xnoses de la tête et du col , et l'épaochement considérable de sang à la base du crâne, démontraient sans réplique que la circulation avait lieu au moment où les violences avaient été exercées; qu'en conséquence, on pouvait établir qu'il vivait au moment de sa naissance; mais que la vie n'était en- core chez lui que le résultat de la circulation, condition toute- fois suffisante pour qu'il y ait possibilité d'infanticide ; que celte vie de circulation seulement avait été anéantie par l'eifet des violences exercées sur la tète et sur le col.
Si l'on rapproche les conclusions de ces deux rapports des faits mis au jour par l'instruction et avoués par l'accusée, on verra avec quelle précision les recherches anatomiqucs ont conduit le médecin expert à expliquer le genre de mort des deux enfants. Une seule circonstance ne put être devinée, c'estque ces deux enfantsétaicnt le résultat d'une même cou- che; mais les placentas étaient doubles , et ne présentaient les traces d'aucun point d'udhértnce.
( 7 )
ART. 571.
Hôpital (le la Charité, — Observations de pUaro-pncumnnies très-graves traitées avec succès par des émissions sanguines abondantes et répétées. — Considérations pratiques sur les saignées abondantes et les causes des longues convalescences.
M. Nolé a publié, dans lo Journal hebdomadaire , trois ob- servalions de plciiio-pneuinonics très-grivts dans los((uelIes des émissions sanguines Tort abondantes ont été prali<iuées, malgré l'état de prostration des forces dn malade, et ont dé- terminé la résolution de rengorgemcnt pulmonaire à une époque ou d'autres moyens sont ordinairement employés.
Une l'cmme , âgée de cinquante-liuit ans, d'une consliln- lion détériorée par la misère, ressentit, le i5 du mois d'août dernier, les symptômes d'une pblegmasie pulmonaire. Le 20, elle entra à la Charité dans un état d'abattement tel, qu'on eût pu croire à l'existence d'une fièvre thyphoïde, si des cra- chats rouilles n'avaient fourni l'indice d'une pneumonie. On pratiqua sur-te-champ une large saignée.
Le 21 , la dyspnée était extrême. On trouvait de la malité à la percussion, au niveau de la fosse sous-épineuse ; la res- piration ne se faisait point entendre dans cette région, et était remplacée parle souffle bronchique. (^Nouvelle saignée du bras, douze sangsues sur te point douloureux. )
Le 22, légère amélioration. {Nouvelle saignée, ventouse Sca- rifiée sur le point douloureux ).
A mesure que le sang a été tiré, la malade, dont les forces semblaient entièrement épuisées, se trouvait soulagée et disposée h supporter de nouvelles émissions sanguines. Un vésicatoire fut appliqué sur le côté , et bientôt la convales- cence parut s'établir. Cependant, malgré k retour de l'ap- pétit et des forces, l'auscultation annonçant que le poumon n'était pas entièrement dégorgé, une quatrième saignée fut pratiquée le 1" septembre, et cette femme sortit de l'hôpital, au bout de quelques jours, entièrement guérie.
Dans la seconde observation, il y avait ceftecirconsta<jce re- marquable, que la plcuro-pneumonie était survenue chez un sujet déjà mal traité d'une pleurésie ancienne, et chez lequel la conjonctive et la peau du visage étaient fortement colorées en jaune. Il fut saigné quatre fois largement, eut une appli- cation de trente sangsues et plusieurs ventouses scarifiées. Le sang présenta toujours la couenne inflammatoire au plus haut degré; et, malgré ces abondantes émissions sanguines,
( ^ )
le malade sentait i\ chaque sai{;;née ses foires renaître. La ( on- valescencc l'ut IVanclic et rapide.
Le sujet de la troisième obst^rvation était un charbonnier dont la constitution était fort détériorée;, etqui traînait péniijleuient une convalescence d'une pleuro-pneiimonie p;rave dn côté gauche, (-et honnnc contracta une nouvelle j)lfuro-pncuinonic très-étendue, et passa troi- jours couché suVde la ])aill«;avanl d'entrer à la Charité. Le 28 sepl'Mnhrc, il fut saij^né aussitôt son eiilréc. Du 28 septembre au 4 octobre, il l'ut saij;né six fois, et eut à plusieurs reprises des sangsues et des ventouses sur divers points de la portiine. Ces saig^n^es furent pratiquées alors même qu'il était dans nn état d'aclynamie complète, que le ventre était ballonné, la langue grillée, qu'il y avait du dévoiement , etc. Les forces ne revinrent que lentement, à cause de la diarrhée persistante, qui ne permettait pas de don- ner une alimenlalioa convenable. Mais, le i5 octobre, les accidents <lu côté du ventre ayant disparu, une nourriture plus abondante lui rendit bientôt les forces qu'il avait perdues.
Rcfle.viotis. Ce qui frappe le plus dans ces trois observations n'est pas l'abondance des émissions sanguines, car, souvent, dans les pneumoniesgraves, on répète les saignées un bien plus grand nombre de fois ; mais c'est le succès obtenu par ce moyen dans des cas fort fâcheux, et chez des sujets dont les antécédents étaient loin d'être favorables. Chez tous, en effet, la constitution était détériorée par la misère ou par desnjala- dies antérieures; et l'on sait asssz que les saignées abondantes ne sont point conseillées chez ces sortes de malades. Tous sont tombés promptement dans l'adynamie. Cependant on a vu avec quel bonheur les émissions sanguines les en ont retirés ; c'est que dans une vaste inflammation, lorsqu'un voile de stupeur se répand sur les traits du malade, lorsque les dents s'encroûtent, que la langue se sèche, que la parole devient lente et les mouvements difficiles, les émissions sa)iguines ne sont jamais mieux indiquées : le cas est grave chez un sujet neuf; il l'est beaucoup plus chez un malade souffrant depuis long-temps. Mais si l'on ne combat pas activement la phleg- masie qui produit ces accidents, la mort est à peu près cer- taine , car il ne faut attendre que fort peu de chose de la na- ture, dont les efforts semblent être alors paralysés.
Dans l'un comme dans l'autre cas, il ne faut point se hâter de chercher à relever les forces. Autrefois, dès qu'on sentait le pouls fiiblir, on cessait toute émission sanguine, et l'on administrait les stimulants à l'intérieur et à l'extérieur. Mais depuis quinze ans, les praticiens ont bien changé de manière d'agir. Dans les divers hôpitaux de Paris , les toniques ne sont
( 9) plu» guère iidininistrés que dan-^ la derriirre période de vr.lW. l'orme ;ulyii. unique ou pulridc ; encore Ie^^()nt-ilsp^esf|Me tou- jours par injcc'lions dans le rectum, lor«(iu'il iVy a |ias com- p!icalion de diarrhée. Les sinapisnies aux pieds sfint remplacés par des cataplasmes purement émollicnls et bien chauds , les décoctions de quin([uina par des i)ois.sons mucilaj^iueuses et adoucissantes; une nouvelh; saignée du bras ou une applica- iion de sangsues sur la région de l'estomac dissipcnl souvent dans une nuit les symptômes de pntridilé qui avaient lait porter un fâcheux pron')stic, cl cet heureux chaugement s'observe même chez les sujets ([\i'nne mauvaise nouriiture, un air vicié ou des nialadies antérieures semblaient avoir mis dans les conditions les pius délavorables.
C'est, sans contredit, dans le traitement de la fièvre dite putride, adynamiquc , que la thérapeutique a subi, dans ces derniers temps, les réformes les plus complètes. Nous nous proposons de revenir plus d'une lois sur ce sujet dans le cours de cet ouvrage; bornons-nous aujourd'hui à dire un mot de la convalescence, que l'on a reproché aux émissions sanguines abondantes de prolonger indéfiniment.
Dans ces trois observations, une phlegmasie pulmonaire grave, étendue, compliquée, a été enlevée comulélement par d'abondantes émissions sanguines ; la convalescence a été l'apide et sans rechute. Il en doit être ainsi, selon nous, toutes les fois que la congestion sanguine sera dissipée sans qu'il reste de noyau inflammatoire : en d'autres termes, la convalescence imparfaite n'est que la maladie primitive, que les moyens employés ont réussi seulement à rendre moins intense, mais non à détruire complètement. Bien convaincu de cette vérité, le praticien doit s'attacher à poursuivre avec opiniâtreté l'inflammation jiisqu'à ce que l'état du pouls et du malade annonce que les organ.es en sont complètement débarrassés. (3'est parce qu'on ne porte pas les émission.*? sanguines assez loin, qu'on néglige les révulsifs ou qu'on se bâte trop d'accorder des aliments , que l'appétit ne reparaît point, qu'il reste nu peu de toux , v.n peu de fièvre, enfin, que la constitution se détériore, et que les malades se di.-ent mai guéris.
Mais on doit se demander si, l'inflammation étant complè- tement enlevée par des émissions sanguines abondantes, le malade reprendra plus lentement ses forces que lorsque ses organes auront été rendus à leur état normal par des moyens moins énergiques^- Nous pensons que c'est la longue durée du mal, et non le sang enlevé, qui s'oppose dans ce cas au prompt rétablissement des forces. Et voici sur quel motif
( »o ) est fondée notre opinion. Des lRinorrhi»>i;ics effrayantes .sont chaque jour observées, se renouvellent , f=e proloii<,^«Mit (•lu'z des individus blessés peu profoiidénient, <;l qui n'ont pour ainsi dire d'autre maladi»' que la perle de leur san<^. Ces indivitlus sont, eu quebpie sorte, exsauj^ues, et ils perdent en quel(|ues heures bien plus de sang qu'on n'oserait leur en tirer dans l'état de, maladie. Eh bien , ne sait-on pas avec quelle promptitude ces blessés recouvrent leurs forces, et combien le rétablissement de leur santé est rapide? Il n'est pas un pra- ticien qui n'eu possède mille exemples.
Un homme de quarante ans, dans un accès de folie, prit un rasoir, se til deux incisions peu profondes sur le scrottmi , une troisième incision sur les muscles delà partie postérieure du con , puis enfin une quatrième sur le côté gauche du cou, à la hauteur du cartilage thyroïde. Les trois prenuèrcs plaies étaient si superficielles, qu'elles fournirent à peine du sang; mais la dernière, qui cependant ne paraissait avoir atteint aucun gros vaisseau , produisit une hémorrhagie considérable. Le blessé resta plusieurs heures couché sur le carreau. Quand on le releva, il était froid, et donn.iit à peine quelques signes de vie. Il fut pansé convenablement et porté dans son lit, où on le réchauffa, non sans peine. Le pouls reparut, mais le malade était si faible et si décoloré, une si énorme quantité de sang était répandue sur la terre, qu'on pouvait s'attendre à une longue convalescence. Il n'en fut rien : les plaies, fort superficielles, se cicatrisèrent. Celhomme, très-indocile, but des spiritueux et se nourrit copieusement. Le dixième jour il avait repris ses occupations : son pouls était presque aussi plein que dans l'état habituel de santé.
Souvent des hémorrhagies se répètent pendant plusieurs jours, et fournissent certainement beaucoup plus de sang que n'en pr'ocureraieot six ou huit saignées. Cependant, dès que la plaie est fermée, les malades repr-ennent leurs forcesetlenr santé.
M;iis aucune hémorrhagie, peut-être, n'est plus effrayante, plus copieuse et plus instantanée que celle qui suit dans cer- tains accouchements la sortie du fœtus ou le décollement du placenta. Les chirurgiens savent que, dans un instant, le lit et l'opérateur sont inondés d'un flot de sang, et que quelques minutes suffisent pour procurer une hémorrhagie plus forte que celle des plus copieuses saignées. D'autres fois cette perte est plus lenie; elle dure plusieurs jours , et la quantité du fluide qui s'écoule est vraiment prodigieuse. Or, quand l'uté- rus est revenu sur lui-même, s'il n'est le siège d'aucime maladie, le rétablissement est beaucoup moins long que lors- qu après une faible perle, quelques points douloureux se ma-
( »» )
nifeslent dan» l'ubclomen, et que raccoiicli«îur trop liniidc n'ose pasdcliniiepar des applications de «anj^'sncs cesnu'Urilcs ou pûilonitospailielles qui l'ormcnt souvcnl le piinripe d'une maladie giave, que l'art coaihallra vainement à tii.c époque plus reculée.
De ces dificrentes considérations, on devra conclure i" que lorsqu'un organe est le siège de quelque indaninialiou , il Tant poursuivre le mal jusqu'à ce qu'il soil complélenienl délriiit ; 2° que les saignées abondantes, moyen si propre à détruire cette inflammation , n'ont point l'inconvénient de retarder la convalescence . qui marche toujours iVanchemenl quand l'en- gorgement inflammatoire e>l complètement dissipé; 5" que les convalescences longues et difliciles reconnaissent ordinai- rement pour cause quelque point de phlegmasie clironique qui s'annonce, il est vrai, par peu de sympathie, mais que l'œil exercé du praticien doit t(>ujours reconnaître, fans quelque organe qu'il soit enraciné.
ABT. 572.
Observations d'une imper for aiion de L'anus. — Considérations pratiques sur ces imperforations.
M. le docteur Godemer, médecinde l'hôpital de Domfront, nous adresse l'observation suivante :
« Parmi les nombreux écarts de la nature qui accompagnent la naissance de l'homme, il n'en est pas de plus dangereux que l'imperforalion de Tanus. Ce vice de conformation met souvent l'enfant qui vient denaîtredans un péril imminent par la retenue du méconium. L'exemple suivant en est une preuve.
» Dans le mois d'avril dernier, je fus appelé pour accoucher une flile. L'accouchement fut long et pénible. L'enfant, du sexe masculin, fut exposé le soir même dans le tour de l'hôpital de Domfront, et, dès le lendemain matin, mis en nourrice à trois lieues de là. La noiu-rice, s'apercevant qu'il n'avait pas rendu son méconium , et qu'il avait le ventre dur et considérablement gonflé, le porta au médecin du bourg le plus voisin. Ce dernier lui donna le conseil de me le présenter, ne voulant pas se charger d'une opération si dé- licate : l'enfant me fut donc appoité à l'hospice, le cinquième jour de sa nai-sance. Il n'avait aucune apparence d'anus; la peau de cette r'-gion n'oflVait aucun repli, et était dans son état naturel. L'os vSacrum avait dans sa partie moyenne su- périeure une espèce de rainure transversale; du reste, l'en- lanl était parfaitement conformé. Jugeant que le cas était
^ '•-'. )
xîxlrtliiieiiuut yrave , j'(;u',Mf;<;ii un de iiifs ( oulrc-rcs a iin; (loiuKT son avis. On ii!,»olut de plonjij'T nn hislonri ihnis li- j)oiiU aui|ncl l'exlrémilc du rccUun dcvail rt-pondie : nudj;ic louli's U'S rccheiTlios et les pins ^Mandes jin'canlions , ou ne put parvenir à n-l iiUcsliu. iN<'us rùMK's l'idée île l'opération proposée ])ar Litlre, el exécutée par Dtsault cl Dnni; inais î'cnl'ant nous parut sans r«:.s>ourie. Son vi'nlreéîuit fort éle\é ; il avait des vomisseuienls fréquents et ses exlrénùlés étaient froides; ce qui nousannoniiail une tiiort prochaine : il mourut en effet huit à dix heures après. L'ouverture du corps fat fjite le lendemain, en présence du médecin qui m'avait assisté dans l'opération : nons trouvâmes le rectum forniant une tu- meur sili.éc sur le céjté gauche de la colonne vertébiale, non loin des muscles psoas , répondant pres(|ue ù la raiuin'O remar- {juée <'xtéricuremeul. Il était rel(;nu dans ce point par du lissii celhdairc, et se terminait par un cul-de-sac dans lequel le le méconium était renfermé. »
Rf/lcxion.s. L'imperl'oration de l'anus est un vice de confor- mation assez commun, et il est peu d'accoucheurs qiù ne l'aient rencontré nn g:rand nombre de fois; mais cet accident présente des variétés sur lesquelles il est nécessaire de s'arrêter quelques instants. Dans la première, c'est l'oriûce seulement do rinlestin rectum qui est oblitéré, soit par une membrane, soit parla continuation de la peau. Les efforts que fiiit l'enfant pour aller à la selle l'ont ordinairement saillir cette membrane in\ travers de Ia(juclle on aperçoit ia couleur noire du méco- nium. Dans ce cas, une incision cruciale suffit pour rétablir le cours dos matières ; ia plaie, abandonnée à elle-même, ne se cicatrise jilus. Qiîand la portion de peau qui recouvre l'anus est trop épaisse pour qu'on puisse reconnaître avec certitude l'extrémité de l'intestin, il faut rendre l'incision plus profende, en se rappelant toutefois que, chez les enfants nouveau-nés, l'anus est plus éloigné du coccix que chez les adultes.
Dans la seconde espèce d'imperforation , l'anus existe ; mais il est trop étroit pour donner convtnablement passage aux matières, ou bien son orifice paraît bien conformé, «t c'est à un point plus élevé de l'intestin qu'une cloison transversale le bouche eiitièrement ou rétrécit son diamètre. Quand il y a rétrécissement à l'oriûce du rectum, ou dans un point plus élevé, si les corps dilatants ne sont point suffisants, on est forcé de pratiquer (juelques incisions avec le bistouri, et de maintenir le diamètre de l'intestin par le séjour prolongé d'un suppositoire. Mais, outre que cette opération est dangereuse, à cause de l'importance de.* parties qu'on doit inciser, elle est, suivant la remarque du professeur Dubois, presque constam-.
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ménl iiHililc, \v irlriicissonHiit. se irprodiii^niit après un tcîmp'^ plus on moins long. Quant à l'oblilùration icsnllaiit d'iinf nienil)ia'ic transversale en ibrPK; de cnl-dc-sao, il est évident i|iie pins cette membrane sera élolj-née de l'anus, et pins l'o- j>ér.uion ayant pour but de rétablir le cours des matières sera délicate. Cependant ce vice de conlormatinn est moins difficile A détriiire que celui qui dèfiend d'un réirécisseinent du dia- mètre de l'intestin. On incise celle meinl)rane d'avant en ar- rière, avec le bistonii, dirigé sur le doi^t ou sur uwr. sonde cjuiu'lée; ou enfin, si la nicmbrano est située à une trop gran.'e profondeur, on ])orte d'abord un trois-quarts , dont la canule est cannelée de manière à ce qu'on puisse y faire glisser un bisioiu'i.
Knfni, dans la troisième espèce, l'intestin rectum manque tclalcnient . ou estsilué dans une direction vicieuse, comme dans l'oliservalion comminuquée par i>l Godemer. Ce cas, qui maibeureusement est assez fréquent, est la plupart du temps au-dessus des res>ources de la chirurgie. On n'a d'autre ressource que de labourer asi hasard avec le bistouri, en di- rigeant les incisions vers le trajet que suit ordinairement l'in- testin; mais si le cnl-de-sac formé par Sun extrémité n'est pas à une très-petite distance de la peau, il est à peu près iii'possible de le rencontrer, ou bien les enf;ints succombent, soit aux suites des incisions qu'on a été obligé de faire, soit à l'indammation que déterminent les matières fécales épanchées dans le petit bassin.
C'est pour agir avec plus de certitude que Littre avait pro- posé d'inciser le bas-ventre dans la régioa de l'S iliaque, et de faire une ouverture à l'intestin , qu'on fixerait au a oisinage de la plaie. Mais ce procédé est une bien liisle ressource. Quoiqu'il ait été suivi quelquefois avec succès, les difficultés de son exécution et les clangers qui l'acc'mpagnent sont bien propres à détourner les praticiens d'une opération dont le plus beau résultat est une infirmité dégoûtante, qui rend la vie insupportable.
Telles sont les ressoiu'ces de l'art dans cette cruelle iiifir- mitè : quelquefois, cependant, des circonstances seml^lent favoriser la sortie du méconium , bien qu'il n'existe ni anus, ni même extrémité inférieure du rectum. On a vu l'inteslin s'ouvrir dans l'urètre ou dans la vessie; et l'on conçoit que, chez la feirmie, la moit ne serait pas une conséquence inévi- table de et; vice de conformation. D'autres fois, le colon s'ou- vrait à l'ombilic; d'anlres fois, enfin, !e reclum s'o'Jvr<iitdans le vagin. En 1828, nous avons reçu un enfant qui, parmi plu- sieurs vices de conformation fort rcmarquabl-js, offrait une
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l.irjïc ilivisiondcs derDièrcs vertèbres lombaires cl <lc celles du sacrmii. Au niveau de la première vertèbre sarrée, il y avait her- nie des intestins; r.ne simple membrane les recouvrait, et l'on distinj^iKiil aisément l'iuteslin retliun. dont î'cxlrémité inlé- rieurc, fixée par du ti«sn (cllnlaire et dilatée par le méconiiim, aurait été découverte p.ir la plus lé|^érc incision, si la confor- mation vicieuse de ce petit être lui eût permis de vivre au- delà de quelques heures.
ART. 575.
Fièvre intermittente ayant r<fsistc d L'emploi du sulfate de quinine, et guérie par le rigime. Article communiqué par M. le doc- leur Carteadx.
Une suffît pas au médecin-praticien de savoir jusqu'à auelle dose un médicament peut êt.e employé dans une maladie, il faut encore qu'il ait le soin de placer son malade dans les cir- constances les plus favorables à l'action du remède (|u'il veut employer. L'expérience a prouvé que dans beaucoup de cas l'oubli de ces précatilions a rendu nul, ou même nuisible, l'emploi de substances sur l'efficacité desquelles ou avait le pins droit de compter,
L'observalion suivante vient à l'appui de ce quenous avan- çons ici.
Mllf... , uigé de dix-huit ans, d'une bonne"conslilulion, fut prise, il y a environ trois mois, d'une (ièvre intcruiiitenle dont lesacccs, après s'être montrés à diverses époques, prirent enfin le type d'intermittence tierce. Un médecin, appelé à lui donner des soins, conseilla de suite le sulfate de quinine à prendre aux repas ( 4 grains dans les vingt-quatre heures). Les accès étant restés les mêmes, la dose du médicament fût progres- sivement portée à i5 et 18 grains, et continuée ainsi pendant cinq semaines sans que la fièvre fût arrêtée ; seulement, de tierce qu'elle était, elle devint intermittente quotidienne. La malade éprouva en même temps dans tonte la région épigas- Irique un sentiment d'ardeur qui durai' plusieurs heures dans la journée, et accompagnait surtout le-- accès. On prescrivit alors le séjour à la campagne. Ml'e... y passa trois semaines; mais la d 11 réeetl'inîensité des accès n'en fuient nullement dimi- nuées. La m:dade habitait encore à quelques lieues de Paris, lorsqu'elle nous consulta. Le compte qu'elle nous rendit de sa fièvre, qui n'avait pu être modifiée par l'emploi de hautes dcses de sulfate de quinine, nousfire:;t soupçonner ou que le mcdicamtnl avait été fraudé, ou que l'oubli de quelques pré- cautions nuisait à son action. Nous apprîmes bientùt en effet
( »5 ) que iVl'le, .., ennuyée de voir sa fi(';vrc se prolonger ainsi, avait abandonné loul régime , el conlinuail à satisfaire son appétit comme si^elle eût été en pleine santé. Elle nous avoua uiéme que, dans l'espoir de suspendre ses accès, elle s'était plu- sieurs fois efforcée de restera la promenade jus(|u'à ce qu'en- fin l'intensité du mal l'efit forcée de rentrer chex »;lle.
Nous conseillâmes alorsd'éviter soigneusement l'impression du froid , de garder le lit pendant toute la durée de l'accès; pour boisson ime tisane délayante ; un cataplasme émollient sur la région épigastrique , qui était alors douloureuse ; et poui- nourriture quelques légers potages.
Comme il nous était impossible de revenir voir la malade, nous prescrivîmes de plus une saignée de douze onces ou l'ap- plication de quinze sangsues dans le cas où l'épigastre con- tinuerait à rester douloureux et que les accès reviendraient: puis, après la cessation des douleurs 4 gi'ains de sulfate de quinine en deux doses ; la première , quatre heures , et la deuxième, deux heures avant l'accès, sauf à augmenter au bout de quelques jours la dose du fébrifuge, et à le donner en lavement si les douleurs d'estomac revenaient.
Le succès dépassa notre attente. Au bout de quelques jours du régime indiqué ci-dessus, la malade éprouva un mieux notable; les accès, quoique reparaissant aux mêmes heures, avaient déjà une durée et une intensité beaucoup moindres. Une fois la malade tenta de sortir : l'accès reparut avec une nouvelle intensité; elle reprit de suite son régime, et dans l'espace de vingt jours la fièvre disparut complètement pour ne plus revenir, sans qu'il fût besoin de recourir au sulfate de quinine.
Cette observation n'est pas la seule que nous possédions de fièvres intermittentes réfractaires à l'emploi du sulfate de qui- nine et cédant ensuite au régime. Nous avons vu souvent dans les hôpitaux des malades qui n'avaient pu se débarrasser chez eux de la fièvre , malgré l'emploi du quinquina , et qui gué- rissaient en très peu de jours à l'hôpital, seulement parce qu'ils étaient soustraits aux causes capables de l'entretenir. Lapossibilité d'arrêter ainsi la fièvre dans quelques cas explique assez bien l'erreur de certains médecins qui ont attribué à di- verses plantes des vertns fébrifuges qu'elles ne possédaient réellement point. Jusqu'ici il n'y a encore que le quinquina sur la propriété duquel l'expérience ait positivement prononcé; mais encore doit-on aider son action par un régime convena- ble. Dans le n° ^5 de ce Journal, on a eu soin d'indiquer en détail les divers modes d'administration de ce médicament dans les différents hôpitaux de Paris. Le traitement que nous
( »6 ) avons pitscril à la malade qui l'ail le sujet de cette observa- lion , iiiouv»' as.sez (|ue nous icnnns l)on compte de lélat du tube inle<littal pour Teuiploi du >ultat<Mle ipiinine, (]ue nous rrov'ins conscnable de u";ulmiui<lrcr il'aboiJ qu'à des doses fraclioiuiaires (4''^ r'O- '^'>"'' -^vons soin aussi d'en faire riMiliruicr l'usage quelque temps après la disparition des ac- cès , cil diminuant progressivement les doses.
ART. 574-
Considérations sur l'cmpLi du sucre dans les empoisonnements par les maliens cuivreuses.
Le sucre avait été autrefois proposé comme contrepoison du \ert de gris, mais les expériences de M. Orlila semblaient prouver que cette substance n'était décomposée qu'à la tem- pératuie de l'eau bouillante, par conséquent il ne pouvait avoir aucune action dans l'estomac contenant des matières cuivreuses. M. Poslel a publié, dans le Journal de Pharmacie, des expériences qui tendent à prouver que le sucre, plus que toute autre substance, décompose le verdet et le vert de gris à la température ordinaire.
On introduisit, au moyen de la sonde, dans l'estomac de deux cbiens de force et de taille à peu près semblables un gros de vert de gris délayé dans quatre onces d'eau. Quel- ques instants après l'injection du poison, ces deux animaux se plaignirent et eurent un vomissement et une selle légère- remenl colorée en bleu. Alors on injecta à diverses reprises dans l'estomac de l'un une grande quantité d'albumine , dans l'estomac de l'autre une grande quantité d'eau saturée de cas- sonade. Après quelques vomissements et quelques selles, ces animaux parurent assez tranquilles. Ils burent de l'eau mise à leur disposition, et furent abandonnés à eux-mêmes. Celui qui avait avalé de l'albumine succomba dans la nuit et pré- senta à l'autopsie une violente inflammation dt tout le canal digestif; l'autre animal se rétablit en peu de jours. Une se- conde expérience donna le même résultat; mais dans une troisième ce fut au contraire le chien qui avait avalé du sucre qui succomba. Cependant M. Postel, ayant répété ces essais sur beaucoup de chiens , finit par conclure que lorsqu'on laisse aux animaux empoisonnés par le cuivre la faculté de vomir, le terme moyen de la mortalité pour ceux à qui l'on îidministre du sucre est d'un tiers, tandis qu'il est des deux tiers pour ceux auxquels on donne l'albumine.
Ce résultat étant fort remarquable, M. Postel voulut rc-
( K ) connaître d'une nianiôre plus diicclc i|ii(;lle était Taclion du sucre sur le vcrl-de-giis : à cet ciï'cl, il iîl plusieurs mélaii-^es de sucre et de verdet ou de \crl-df;-gri-« , et les exposa dans un hain de sable, dont la température fut portée à 50° centi- grades; à peine le sucre et le vert-de-gris furciil-ils en con- tact à cette tompéralurc, qu'on reniar(|na d'ahord une alté- ration sensibU' de coul'iur^ queltjues insl;ints après plusieurs points d'un jaune rougcllrc, et bientôt on ne trouva plus au i'ond des capsules (lu'uîie poudre de même couleur, (jui n'é- tait autre ebose que du proloxide de cuivre.
A la température ordinaire, les mêmes j)bénoméncs se sont reproduits, mais avec beaucoup moius de rapidité.
Enfin, ce médecin ajouta, dans une rlissolulion de verdet préparé avec l'eau distillée, une certaine quantité de sirop de sucre parfaitement clarifié. Le mélange se fit à la tempé- rature ordinaire, et l'on ren^arqua bientôt que la liqueur per- dait sa couleur bleue, et qu'elle* passait au yert ; quelques instants après, elle se troubla, et il se déposa au fond de la fiole un précipité floconneux rouge foncé, qui était du pro- toxide de cuivre De nouvelles quantités de sirop finirent par décolorer presque entièrement la liqueur.
Réflexions. Ces faits doivent intéresser bien \ivement les praticiens : on sait que le sucre n'était pbis regardé , depuis quelque temps , comme antidote , mais qu'on le conseillait seulement comme adoucissant dans l'inflammation qui suit l'ingestiofi des matières cuivreuses dans l'estomac. Les expé- riences de M. Postel mettent hors de doute son action neu- tralisante dans ces sortes d'empoisonnement, et ces nouA^elles recherches nous prouvent encore qu'il ne faut point se hâter de rejeter de la pratique, des médicaments auxquels nos de- vanciers avaient reconnu quelque vertu. Ces tentatives seront sans doute répétées un grand nombre de fois, et nous nous empre-serons de donner connaissance des recherches qui au- ront été faites srr ce sujet. Faisons observer cependant que les expéiieiices de 5î. Postel n'infirment point les bons ef- fets qui résultent de l'ingestion des blancs d'œufs délayés dans de l'eau, que M. Orfiia a proposée dans l'empoisonnement par les prépar aions de cuivre et de mercure. Nous aurons à l'avenir deux contre-poisons au lieu d'un, l'expérience ayant prouvé, d'une manière certaine, la décomposition de ces sub- stances par l'albumine à la température ordinaire.
Tî)M. IV
( '8 )
inr. ^^f».
LKÇONS CLINI(,)L'ES DE LfJOTEI.DIliU.
§ 1", Confiilératiotis pviittijiiis sur les cutorsa , tes nccidenis i/u'ellés déterminent et le traitement i/iii leur eonvient.
(^)tKiiicl une personne loiiibe sur la p;nimi' de l;< inain , ol que le choc nisl pas assez, violent pour ilélcrmiucr une Iti.valiun ou une l'rac- turc; il curi'sulie eepeiulanl uu'' dislc iisiou plus ou moins lorte des ligiinents placés h la partie antéijeure tlu poignet. Les malades se plaignent d i:no vive douleur et tlisent avec r.iison quils ont une en- torse. Au bout de (]nel(|ues jours la doukur prrsiste et il survient un gonflçmeiil inll.ininMtcii'c . toujours opposé.'» la direction dans la- quelle l'etVoi 1 a •'■lé produit. Pan ille cliosc s'observe au pied qui olTre une entorse en dedans s'il a «lé déjelé en di'liors , et réciproquement. Au poignet, leutorso peut exister à sa partie anlérii;ure, à sa partie postérieure , à son bord cub>t»l ou enfiu à son bord radial.
Le premier syniptôine de l'entorse est une douleur qucl(|UGfois extrêmement vive que 1 ou combat |iar des s^dgnées , des sangsues , dis bains cl I appliciliou de résolutifs, parmi lesquels l'exirait de Saturne étendu d eau tient le; premier rang. A la suite de cette dou- leui il p<'ut survenir nue inilainmation qui se termine par suppura- tion, accident toujours extrêmement gi-avc , à cause de la nature des parties enilammées et de la diflicullé qu'on éprouve à faire couler le pus.
\oilà la forme aiguë des accidents auxquels peuvent donner lieu Icseutjrses , mais souvent l'innamniation i ass(,' à l'état chronique , et, sous le nom de tumeurs blanches , produitlacarie des os, lasup- piiration des parties profondts , et nécessite d.ms un granil nombie de cas 1 auqniliition lies extrémités. La plupart de ces tumeurs blau- cbes reconn::issent en effet pour catiso premiéie la distension des ligamentsd uuer.rliculatioa clicz un ^ujct presfjue toujours Ij^nipha- tique et scrofuleux.
A létal chronique, ces inflammations doivent être combattues par b"s vé.sicjitoiros . les moxas , les cautères et tous les révulsifs connus; mais le moyen le |)lus sûr de prévenii tf'Ut accident consécutif est de inaintenir L'arttculution dans le rcjws le plus absolu.
Lors donc que îes an'iplilogistiques ont di^si/léla douleur, ceque Ion ohtieut en géuéral assez |3iomplcn)ent . au Ii<;u de permettre au mal; de de mar lier ou de se seivir du membre blessé, il faut placer rextrémilé tkiris un appareil à frac turc , absolument comme si Ion avait à traitir une solution de continuité de l'os iui-inème. Un hom-" me enir i à I Hôteî-Dii udans b s nrt miers joui s du mois de décembre, offrant uagonflemcn! inûammaloire à la partie auiérieure et scpé- )itu!<' du poignet. (Il a\ai' lait nue chutesur ccHcpartle j et la main avait été fortement p.ortée en arriére. ) Bien qu il lut évident que le radius n'était point fracturé , M. Dupuytrtn fit aussitôt construire le Landage suivant ; les doigts et la main enveloppés de quelques tours
( 'V) ) de bande, doscuMijtrcssrs longncllcs cl, pculuTics fiirciil rU-uiliir » de- puis h tôle des os du in('t;ic;njie jns(|u ii l,i |i;irtie supéri' urc dv l'a- vant-l>ins; en av;iiit ( l ou .iriirrc, il' s akllcs Itirenl a|)|iljr|iu'cs sur ces couipie.';>(>s loiiguellcs , puis un i)a-id;igr' lonli'; cuveloppa 1;: main et l'avant-hras. I^a doulrurne larda pas à dimiiiiior, «-l, au boul dolioit jours, loistpion leva le bandagi- , 1 ai liciiliiliuu lia trouvée libre de toute douleur et ile loul guullet.'ieul.
Païuii les avantages diî celle rnélliode. il faut noler ceux-ci : le goiillement survenu ne pernKl pas lonj'iurs de lerounaître dune' manière bien précise sil y a entorse seulement, hiXJition ou fiaelure de lexlréuiilé jul'érieure du radium ; or dans l'un comme dans l'autre cas, le bandage (fue nous venon-; de décrire, convenableiueul appli- qué, est le moyeu le plus '•ûr de prévenir tous les accidents , i-n main- tenant dans une immobilité complète b's doigts et I articulation de la main et de i'avant-bras.
En résumé, les (nlorses sont des can.'es frérpieutes d'accidents con- séculifs extrêmement graves. Le moyen le plus certain tle piévonir ces accidents et d'abréger de beaucoup la durée de cette maladie , est de mainteuir le membre daus un bandage à fracture, que Tentorse soit en avant , en arrière ou sur les côtés . et quand il y a doiite sur la nature du ma!, c'est encore ce bandage qu il et convenable d'appliquer.
Si tous les praticiens suivaient celte méthode, on verrait bien plus rarement des gens estropies ou deô maladies graves des articu- lations.
ART. 5; 6.
§ 'i. — Passage de l'enfant par une rupture du périnée.
Nous avons rapporté, à l'article .538 de ce Journal, l'exemple curieux d'une femme chez laquelle il se fit , malgré les soins dUne âccou- cbeuse instruite , nue large décliiruredu périnée rpji donna passage à l'enfant . sans que la fourclietle et 1^ s(liyncter de l'anas lussent lésés. Cette femme, couchéeaun" i delà salle Saint-Jean, et chez la- quelle la suture était restée sans effets , a parfaitement guéri à l'aiile du repos seulement et dune position convenable. Huit jours environ après son entrée à i'Hôtel-DJeu , 1 ouverture existant au périnée au- rait pu donner passage à un œuf de pigeon ; peu à peu celte ouver- ture se rétrécit . et l'on remarqu i d abord une colonne charaue , s'é- tei.daiit d'un bout à l'autre île celte déchirure. Le g novembre, un mois environ après son entrée à lllôtei-Dicu . celte Icmme fut exa- minée de nouveau, et Ion trouva l'oritice entièr-'mont fermé par une membrane fort mince , qui partait de plusieurs bourgeons char- nus développés sur tous ks peints de sa circoiiférince. Cet'e mem- brane est bienlôtdevenue ime véritable cicatrice, à laquelle le temps donnera saus doute une grande solidité (i).
(i) Cet exemple est fort i-emarquable, et nous le rappelons à dessein.
( '^o) iRr. 57J-.
§ 5.- -Double hernie iiti^ititialc clici une (iiiunr.
liC.^pralirioiis s.tvpnl que la Ikiii'h' iufiuinalc ost un accidiul rairf clir/. la femme. Dv» rcrlu'iTlK's qui oui iHé fjilcs ù Loiulri's par la
]>arcc que le fait .s 'étant passé dans un lieu j)iil)lic , et chaque médecin ayant pu comme nous examiner et touclier la l'emmc qui l'ail le sujet de relte observation , il est tliiricile de s'ex]>liqnei- comment uu acooiicliour a persisté^ niei' l'existence d'un fait si patent, et qui ne semble point aussi lare qu'on l'avait annonce. Pliisieuis observations semblables (jnt ele insiTccs dans les jouiiiaiix ile|>iiis que cri extîmple a élé communiqué .\ r.Vcadémic, mais aucune ne nous a semblé plus curieuse que celle que nous allons rapporter, et qui nous a élé communiquée par un chirurgien instruit qui se livrt- parlicnlièremcnt à la pratique dos accotichements.
M. le docl<?ur \'allet , chirurgien de l'hùpital d'Orléans, fut ajipelé il V a une dixaioe d'années, prés d'uoejeniu' f(;mme, enci-inle pour iapre- inièie fois. Il trouva l'enfant iléjà expulsé; la délivrance s'élanl fiiile sans aucune espèce de ililliculté, il ciut que l'accouchement s'était terminé par la voii- ordinaire , et laissa la femme dans un état satisfaisant ; mais le lioisième jnnr , comme elle accusait de vives douleurs, les parties géni- tales furent examinées , et l'on vit avec surprise que le péiinée était dé- chiré en arrière jnsqnes et y compris le sphyncler exti-rnc de l'anus, en avant jusqu'à la fonichette, qui était restée intacte et formait une com- missuie de quelques lignes seulement d'épaisseur. La vulv(>, diiif^éeen avant comme dans l'observation citée plus haut, était fort étroite et n'au- rait certainement point permis lo jiassage de la tète d'un lœlus à terme sans que la bride qui la séparait de